Dans le mur de l’infini
Dans le mur de l’infini
Tant l’infini le tourmente qu’il n’a plus d’ongles à ronger. Ces ribambelles de questions métaphysiques qui jour et nuit le préoccupent lui ont ôté le goût du présent. Il se sent, en vérité, tourner en bourrique, avancer à reculons, camisolé jusqu’aux cheveux. Il se fait l’effet d’un aveugle largué dans un capharnaüm, d’un unijambiste contraint à jouer au football.
Il est même, tare des tares, devenu envieux. Envieux de ceux qui font du vélo en lâchant le guidon, de ceux qui sifflotent le Temps des cerises dans les cerisiers de mai, de ceux qui font du temps qui passe un bouquet d’insouciance, de ceux qui parlent aux chevaux. Voilà ce qu’il aurait voulu, être un philosophe qui parle aux chevaux.
Un cycliste qui sifflote les mains aux poches.
Illustration : R. Redford (L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux).