Les hauts débats

Publié le par Fidel Castrais

Les hauts débats

La chronique du président

LES HAUTS DEBATS

 

J’ai entendu dire que la musique adoucit les mœurs. J’ai prêté l’oreille pour voir. Dans un cabaret de hasard, j’ai écouté une dame patchouli. Elle rentrait des Indes. Le cheveu blanc, l’habit arc en ciel et la flûte au bec. On aurait dit un paon. Le patchouli c’est fort et la flûte c’est ingrat. Je n’ai pas regretté de n’avoir prêté qu’une oreille.

La flûte, c’est comme le rosé, c’est en Provence qu’on l’apprécie le mieux.

Et Katmandou, c’est loin.

En ce moment ici ça sent la poudre et la musique c’est au pipeau qu’on la joue. A chaque élection c’est pareil. Les réactionnaires bouffent de l’anarchiste et les croyants invoquent le divin du pays. Les laxistes léninistes, fortement minoritaires, complotent quelques assassinats. Il faut nous voir au bistrot. Les « m’as tu vu » serrent la main des " y’aurait qu’a ". Les " tu verras - tu verras " essayent de convaincre les " je te parie ". On apérore* bruyamment entre deux chips et un canapé froid. C’est la démocratie qui parle la bouche pleine. Il n’y a rien à comprendre mais l’essentiel est dit.

L’autre jour un chauve, l’air mauvais, accompagné d’une blonde sévère, sont passés demander où ils pourraient dormir.

Sans rien dire on s’est tous mis d’accord.

On les a envoyés à Prades !

On a des opinions contradictoires mais on ne va pas se laisser emmerder par le front national. C’est important pour l’équilibre du village de mettre des bornes à la connerie. Les étrangers ne se plaisent pas ici. C’est trop froid. Trop pentu. On avait un batave, il a fini par repartir. Il a dit qu’il allait prendre un bol d’air. On n’a pas compris ce qu’il voulait dire. C’est terrible les gens qui ont des accents.

On est impatient d’avoir les listes. Les paris sont ouverts. Les concurrents sont aux box, la paille fume, le silence se fait.

Les mouches défroissent leurs ailes, on va les entendre voler.

Je dis ça mais j’aurais pu dire autre chose.

 

 

*Faire le cador un verre à la main" : Voir « Divagalâmes » M. Gorsse & B. Combes

Edit : ASILE POETIQUE

 

Les chroniques de Fidel Castrais,

Président de l'A.N.D.I.V. ,

sont publiées dans " LE MANTÊTU ".

 

Publié dans Le train des choses

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