La valise dans le terroir
J’ai entendu dire que j’étais con comme une valise. C’est un mec à qui j’avais pris la sienne qui m’a dit ça. Le genre qui avait du bagage !
Je rentrais de vacances, le teint hâlé des parvenus et cette sortie me laissa pour le moins perplexe.
Puis, j’ai réfléchi. C’était éblouissant. Je me voyais debout, je voyais aussi la valise, on se regardait réfléchir. Elle impeccable, dressée comme un monolithe, les roulettes en appui, prête à démarrer. Moi, un peu débraillé, les épaules tombantes, revenu de tout.
Mais non, il n’y avait rien ! L’insulte était gratuite.
Je veux bien accorder à mon insulteur le détail de la fermeture éclair mais, même là, la comparaison ne tient pas.
La mienne est très courte et quand je l’ouvre, elle ne contient guère plus qu’un « baise en ville ».
Et c’est là tout mon drame !
Ici, ce n’est pas vraiment la ville.
Les femmes me manquent, comme doit manquer l’homme à celles qui ne me trouvent pas encore à leur goût.
Je garde espoir. Quand l’âge avance l’exigence est moins sévère. On sait s’accommoder des restes.
Je saurai être patient.
Illustration : Philippe Tastet
Les chroniques de Fidel Castrais, président de l'A.N.D.I.V. paraîssent dans "Le Mantêtu".