La pierre
La route s'ouvre devant elle, droite, libre, désencombrée de tout, radieuse de cette lumière dorée qui habille le paysage et dessine, sur le haut pont voiletté de grillage, quelques silhouettes d'ombre chinoise dont une, jeune, souple, la regarde soudain arriver avant d'exécuter la danse de l'envol de la pierre, celle qui, survolant la voilette du pont, va insérer, en résonance vibrante, sa marque gris-angoisse au milieu du pare-brise.
Alors tout un chaos minéral inonde son cœur, cailloux noirs gris
rocaillant le silence tonitruant de l'acier en mouvement.
Pourtant, seul l'effroi a étoilé son front…
Sans doute un peu de temps passera
avant que la Vie ne dépose sur ce chaos de désordre
le tapis de mousse tendre,
propice à dissoudre les arêtes vives de la violence.