Saint Ni Queue Ni Tête

Publié le par Michel Gorsse

Saint Ni Queue Ni Tête

Vendredi 19 février

Saint Ni Queue Ni Tête


 
Chez l’animal le suicide est rare, voire exceptionnel. On n’a jamais vu vache sauter par la fenêtre, cochon se pendre, dindon se faire sauter la cervelle. Certains dépriment, dépérissent, végètent mais l’affaire s’arrête là. N’étant pas doué de raison il n’est pas doué non plus pour en finir au plus vite avec sa triste existence. S’il l’était, adieu élevage intensif, traite obligatoire, gavage méthodique, ponte à répétition.
N’entendant pas les choses de la même oreille, il en est un cependant pour qui le suicide est naturel. Et c’est lui que l’on refile aux enfants quand ils ont pêché trois canards à la fête foraine. Le poisson rouge.
Cette pauvre petite bête au bout de quelques jours dans son bocal se met à gîter dangereusement, sans explications. Le lendemain elle a le ventre en l’air ce qui est un signe irréfutable. Il est mort constate alors le vétérinaire sans autre précision en présentant ses honoraires forts salés.
Devant l’inconsolabilité (voilà encore un mot qui n’existe pas) du marmot on retourne pêcher les trois canards règlementaires car rien n’est plus affligeant qu’un bocal vide. Tout le monde se réjouit, même le chat qui connaît son histoire naturelle et qui n’a plus qu’à attendre que les choses se passent.
A son tour il gîte. A son tour on le retrouve le ventre en l’air. Et le suivant itou. Et l’autre d’après aussi. Et tous ainsi.
C’est une expérience facile à faire.

Ilustration : Matisse (détail)

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