Fin de partie pour Michel Houellebecq
FIN DE PARTIE POUR MICHEL HOUELLEBECQ.
Pour Michel HOUELLEBECQ, rien ne va plus. Le compteur des conquêtes amoureuses tourne à vide, l'élan sexuel est en berne et plus généralement, le contexte économique actuel efface les promesses que portait jusqu'alors le métier d'ingénieur agronome, A ce naufrage personnel s'ajoute la disparition par suicide de son ancien condisciple d'Agro investi dans l'élevage laitier. Voilà de quoi rendre aigri un écrivain doublé d'un ingénieur agronome... Quant à savoir si ce contexte tout en grisaille contribue à fabriquer un écrivain de talent, c'est une autre histoire... Reste donc ouvert à deux battants le champ de la littérature, dont les ventes consacrent une fois encore le goût dominant du public. L'écrivain pour sa part, ne saurait trop se plaindre du chiffre de ventes rencontré par chacune de ses productions. Il est vrai qu'il fut au cours de l'été 98 (Les particules élémentaires) lancé à grand renfort de publicité, en même temps que sa consœur Christine Angot (L'inceste). Bravo en passant à Monsieur Séguéla, pape et chantre de la pub... Mais hors contexte de la machinerie promotionnelle, la question est posée: Michel Houellebecq mérite-t-il d'être sacré "écrivain", voire écrivain de talent ?
Pour moi, osant le crime de lèse-majesté, la réponse est négative. Car il n'y a chez ce littérateur agronome aucun effort pour accéder à une forme personnelle d'écriture ni de fabrication romanesque. Certes il y a parfois le recours à une figure de style, la métaphore, pour nommer chatte le sexe féminin. Rien d'inventif du reste car dans mon quartier la métaphore est généralisée. Ailleurs Houellebecq utilise la langue crue des "crocheteurs de la Halle au foin" pour parler des choses ou instruments sexuels. Avec plus de naturel ou de simplicité Rabelais parlait du perthuis et chez nous avec plus de délicatesse on dit : la foufoune...Terminé le temps où la femme était rose au matin et où l'on célébrait les yeux d'Elsa.
Or qu'est-ce qui fait le talent d'un écrivain, sinon l'habileté et l'originalité dans le maniement de la langue, l'agencement bien personnel du récit. En somme avoir du style, aller au-delà du simple rapport des faits.
Monsieur Houellebecq faites donc effort pour donner éclat et originalité à votre écriture. Ornez, fleurissez votre prose, faites-nous rêver, voire nous interroger à une époque où tout se réduit et se ternit dans des visions de pure géométrie comptable.
Gérard SALGAS
Photo Jean-Claude Cohen