Pays de l'ortie : Avec Michel Gorsse, dire l'éphémère...
Avec Michel Gorsse, dire l'éphémère...
On l'avait connu tonitruant, parfois excessif et capable de torturer la langue française jusqu'au sang et au sens. Il avait été le dynamique animateur des soirées de l'IF. Son nom... Michel Gorsse. Or voilà qu'aujourd'hui, avec la complicité de Gilbert Desclaux, bidouilleur typographique de talent et illustrés élégamment par Maryse Micheletto et Marc Crépy, il publie un recueil de haïkus intitulé "Pays de l'ortie" un titre volontairement interrogateur que précise le sous-titre "Haïkus des Hauts-Cantons". Michel Gorsse aurait-il rencontré dans ses montagnes son illumination en quelque chemin de Damas ?...
Toujours est-il qu'il se révèle un maître artisan de qualité dans la confection du genre particulièrement exigeant que constitue le haïku. Il prouve qu'il sait aussi capter et dire l'insaisissable, le fugitif et l'instantané émotionnel pour exprimer la beauté du monde et délivrer de minuscules parcelles de bonheurs rares inscrites en son âme. Tout ici se révèle équilibre et profondeur, d'abord la disposition typographique des textes: deux par page, élégante et harmonieuse distribution. Michel Gorsse saisit ainsi la délicatesse d'un instant rare et pourtant si proche dans sa richesse conformément à l'esprit du haïku. Ce sont mots en éveil pour capter l'âme du monde et ses résonances intimes.
La nature est évidemment omniprésente, elle distille et propose à qui sait l'accueillir en ses secrets, des moments exaltants de grâce et de sublimation. Le poète est maître absolu au cœur de ses textes, il capte et enseigne les choses cachées au sein même du miracle de la vie. En somme une totale réussite de qui a parcouru depuis longtemps les infinis sentiers de la création poétique.
Qu'on se le dise: le nouveau Gorsse est arrivé... à consommer sans modération.
Gérard SALGAS