Grattages de cervelle et de mémoire

Publié le par Jacques Queralt

Grattages de cervelle et de mémoire

L'affection via la tendresse, mais osez aller plus loin: l'amour.


Verlan & Chébran aujourd'hui ont des cheveux d'argent et peu de dents et leurs meufs également, alors c'est plus la peine de tout faire à l'envers pour être (à peine) remarqué.
 
Sans doute connaissez vous, Alisher Navoiy, poète ouzbek du XV° siècle, aussi je vous offre ces joyaux de gazels: "Si l'amour me consume, ne t'en étonne pas/ Quelqu'un demande t-il si la paille s'enflamme?"... et "Peux-tu imaginer, moi qui souffre de toi/ Que je ne pense plus à la joie qui fut mienne"...et "Celle que je désire ne me regarde pas,/Et celle qui me cherche, moi, je ne la vois pas." La mémoire vous a rattrapés, n'est-ce pas?


 
Il aimait travailler sur la solitude considérée comme une des margelles de la dépression. Toi, alors tu n'as pas la peur des gouffres, lui avait dit un de ses cousins trader en retraite.
 
Les mots sont comme des bouts de peau qu'on s'arrache pour examiner la couleur des dessous.
 
Il frétille de sa découverte comme une truite prise au piège de la mouche.
 
La mode de "l'authentiquement nôtre" a vécu.
 
Tu t'escrimes à être original et paf! Dix mille semblables sont autour de toi s'époumonant à crier cette originalité.
 
Ce n'est pas qu'elles étaient tout à fait rassurantes, mais elles nous prévenaient. Aujourd'hui l'abruti fonce ou tire dans le tas sans... sommations... Elles étaient au nombre de trois. L'avilissement criminel les a balayées.
 
Les neuro-sciences sont-elles utiles à la culture des poireaux? -Il n'y a aucun doute possible sur cette question.
 
Les plaisirs de la quête sans les soucis des bénéfices... peut-on ne pas y souscrire?
 
A vingt cinq centimètres l'une de l'autre, et devant lui, une clepsydre en activité et une vanité, immobile, qui ne voit ni entend le temps s'égrener.
 
Il est des gens qui gardent au coin des lèvres un mégot de dégoût et n'écarquillent jamais les yeux pour vous refiler un flash souriant.
 
Je sais l'on peut imaginer un roi, un président et même un dictateur, un qui n'est pas vous se livrant décomplexé, heureux même à mille et une activités, mais (répondez-moi sincèrement) pouvez vous représenter le quidam entrain d'écosser des petits-pois ou de déterrer des carottes, comme moi (et vous peu-être) en ce moment ou demain?
 
Mais, Monsieur Simplet, ce ne sont pas les fromagers que l'on met sous cloche, mais les...fromages!
 
Est-ce parce que généralement on vous y raccompagne que vous ne frappez pas à la porte, en sortant et pourtant il ne serait pas idiot (complètement idiot, veux-je dire) de frapper de 1 à 3 coups (simple convention de code) pour confirmer que vous êtes bien sorti.
 
Le rase-mottes, naturellement, il savait ce que ça voulait dire, et il ne faisait pas semblant et le têtu de ne pas comprendre, mais... lui... ce qu'il attirait,... ce qu'il voulait, c'était... la motte, la belle motte, sa moiteur et ses rosées. C'était un petit animal auquel il était malvenu de lui demander d'aller quérir midi à quatorze heures.
 
Il aimait se promener le long de la digue du grand lac éternellement noir pour s'y débarrasser, à l'insu d'autres promeneurs le suivant ou venant en sens contraire, d'images et de pensées qui l'avait fait souffrir les jours auparavant. Il faisait cette promenade salutaire au moins une fois par semaine. Il avait pris cette habitude contre l'avis unanime de son analyste et de son confesseur, les deux compères craignant que, par inadvertance, il ne piquât la tête la première dans l'eau du grand lac éternellement noir qu'il allait engraisser d'une tache.
 
Dans l'expression "ne rien dire", le verbe "dire" apparaît dans une posture tactique d'attente.
 
Il me présenta sa panoplie de couteaux (incroyablement variée, brillante, de toutes dimensions, styles et origines, affûtés... prêts au service), admiratif et frémissant je l'écoutais, et je l'entendis m'avouer "mais comme je n'ai aucun talent de boucher, je n'ai jamais su désosser de la viande et donc... tu n'as pas à trembler, comme tu le fais, pour ta noble carcasse".
 
Il est des gens qui ne lisent aucun livre par prudence... pour ne pas se dénoncer à eux-mêmes. Pour ne pas connaître leur véritable face. J'avoue avoir bien des fois hésité à ouvrir le livre que j'avais déjà en mains, me souvenant de ce mot terrible mais si pertinent de Georg Christoph Lichtenberg, écrivain luxembourgeois du XVIII ème  siècle qui dit "Un livre est un miroir. Si un singe s'y regarde, ce n'est pas l'image d'un apôtre qui apparaît."  Ah! ces grandes trouilles de l'alternative people?  Mais au XVII ème siècle Blaise Pascal nous avait déjà alertés "Qui veut faire l'ange fait la bête".
 
Comme si les transparences pouvaient empêcher les vapeurs poussiéreuses des mondes d'opacifier nos vasistas !
 
Je ne colle ni mets bout à bout. Un coup de pagaie à droite et un coup de pagaie à gauche, je suis mon cours et vous laisse à vos grandes galères. Non, je n'écris pas, je file et me faufile vers l'endroit où s'accumule le sable ou la rocaille qui conviendrait le mieux à mon repos. Non, je n'écris pas !  Je vogue et vague. Je cabote cabotin. Je ne monte ni ne noue. Je zigzague: preux chevalier des rives plus que pirate des hautes-mers de Syrie. Je ne colle ni mets bout à bout. Je ne veux non plus être embringué dans les folies du monde. Laissez-moi à la mienne, et riez si vous voulez, ou dénoncez-moi si vous le pouvez, chenapans numériques. Je ne colle ni mets bout à bout. Je me glisse sous le drap que je tisse, et je rêve pour voir venir. Loin des abattages urbains... Terre ! cria un jour, extralucide, une vigie inconnue.

Illustration : Philippe de Champaigne

 

Publié dans Poinçonneur

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