Un trouveur

Publié le par Pierre Montmory

Un trouveur

UN TROUVEUR

Un trouveur, c'est un type qui a le don de trouver des trésors. Il sait avec peine. Il est instruit du cœur. Il ne demande rien. Il a tout ce qu'il faut. Il est né riche. Il se donne sans compter. Il reçoit mille grâces. Les muses sont à son bras. Ses enfants peuvent tout lui demander. Les réponses sont dans la question. Aimez-vous. Votre mère la Terre vous porte depuis si longtemps. Le Temps est un père prospère. Votre cœur vous invite, ne refusez pas votre chance. Vivre est tout ce qu'il y a à faire. Le travail est sacré qui nous paie la bonté. Vingt-quatre heures égalent trois fois huit heures qui additionnent huit heures pour le toit, l'habit et le repas avec huit heures pour donner notre joie et encore huit heures pour le repos avant de renaître à nouveau. Chaque jour qui naît crée le monde. Quand tu ouvres les yeux. Cette peur qui te fait trembler c'est le frémissement du monde vivant qui coule dans ton sang.
Vivre est un travail sacré. Qui es-tu pour m’en empêcher? Vivre fait de nous des êtres humains. Vivre est notre métier et alors notre métier est un art. Si un dieu existe, qui a fait dieu ? Si les êtres humains sont faits sur le modèle d’un dieu qui fait tout, alors les humains peuvent faire et défaire le bon comme le mauvais. Ce n’est qu’une question de volonté. Et si une déesse vient à toi, ne sois pas surpris, c’est pour te montrer que le paradis est bordé par le ciel et se berce au chant des étoiles. Tandis que sans les Muses le poète vit en enfer, les yeux fermés sur la beauté, il est sacrilège, son cœur s’est refermé; et pour sa peine il purge ses années dévoré par les trous noirs de son esprit.

Pour ne plus avoir peur tu te réfugieras sous un drapeau, tu te couvriras de signes, tu apprendras la répétition des paroles mortes figées par le temps. Et tu n’entendras plus l’appel de l’autre inconnu à toi-même; tu vivras sans aimer, sans te donner à connaître ; tu quitteras le monde comme un mort. Et tu auras été un humain qui aura vécu seulement le tourment, le tourment des gens absents, absents du présent. Ce présent qui t’es offert en cadeau mais que tu refuses de recevoir en toi, toi qui t’obstines à avoir peur.
Tu as tellement peur que tu te refuses à voir la beauté. La beauté, tu l’interprètes comme un crime. Et te voilà fossoyeur de toi-même. Tu te prives de ce qui t’es donné car tu n’as jamais semé pour récolter. Et ce ne sont que tes récoltes qui constituent l’offrande à la vie que tu te dois de donner. Peu importe la quantité si la qualité demeure. Le blé de chacun fait du pain. Ce ne sont pas les racines qui font qu’un arbre a de bons fruits à donner. C’est la volonté dans sa sève. C’est son cœur instruit par les sources claires. C’est la paix dans l’orage. Le soleil dans l’orange. Le bleu du ciel avec des nuages.
Peux-tu voir la bonté dans une juste colère? Quand l’âne est bourru parce que son bât est trop lourd ?

 

Publié dans La Revue

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