Dans le silence des saisons (8)

Publié le par Alain Surre

Dans le silence des saisons (8)

 

Dans le silence des saisons (8)

 

 

Celle-là c’est Pariso

toujours à aller voir ailleurs

comme si ça lui suffisait pas tout le champ

et celle-là tu vois c’est Marquiso

elle est brave me disait-il

jamais le chien n’avait à faire avec elle

le vieux lui c’était de son lait qu’il voulait à table

le sien uniquement

M. Brugnas m’en parlait souvent

dans ces après-midi passés avec les bêtes

que j’apprenais moi aussi à connaître

Liseto, Mourado, Redoundo, Poulido…

jusqu’à ce qu’une disparaisse du troupeau

vendue la veille

– la génisse allait la remplacer –

parfois je les accompagnais jusqu’à l’étable

le vieux venait aider à traire puis la sœur

qui s’occupait de Mourado

toujours un peu nerveuse celle-là

quand on l’approchait

mais elle savait y faire avec les bêtes

 

je me demande si elles portent encore des noms

celles qui ne sont plus que masses protéiniques

dispensées aujourd’hui des morsures aux jarrets.

 

*

 

Publié dans Les temps modernes

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T
A l'approche des élections régionales, il est bon de savoir ce qui nous rattache à ces étendues de terre, d'eau, de vent et de tendresse.
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O
Je suis du pays de la vigne, des pins et des étangs. mais je me sens proche de ces chroniques ariègeoises, macarel !!!
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S
une délicieuse chronique d'un temps passé, mais tellement présent dans notre quotidien. Un coeur occitan dans une harmonie mémorielle. Vas-y Alain, je suis ton chemin, il se fait mien.
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