La foi.

Publié le par Simone Salgas

La foi.

Ma mère a la foi.

Celle des gens d'église.

Elle s'appelle Maria. Mon père n'est ni charpentier ni Dieu.

Il jouait les serruriers dans le quartier de l'horloge. A-t-il trouvé les clés du Paradis ? Un jour, il a posé celle de notre HLM sur la table de la cuisine. On ne l'a plus revu. C'était le jour de l'ascension. Un doute ?

Dans la province d'Orihuela où je suis né un 24 décembre, il m'ont baptisé Jésus. Logique. Prénom aussi commun que Julio ou José (prononcer le J à l'espagnole, guttural).

En France où nous vivons à présent, c'est moins couru, et surtout d'un commun ! Jésus, les saucissons autour de Lyon, jésus des nouveaux-nés, petit bourrelet rose que l'on cajole, ouf, c'est un garçon ! que l'on surveille, qui deviendra bite, zizi, quéquette, pénis selon les circonstances. Déplaisant.

 

Ma mère a la foi.

Celles des gens d'église.

Demain, j'ai dix huit ans.

  • Ton Jésus est majeur, Maman. Terminées les messes de minuit pour adorer un môme crucifié 33 ans après. Terminés le chemin de croix, St Sébastien percé de flèches, Lucie, et l'autre Pierre ou Paul, ou Jean, la tête dans les mains ensanglantées... Terminé, Maman. Si tu m'obliges encore, j'imiterai Lucie, yeux arrachés offerts sur un plateau.

Ma mère a les foies.

 

Publié dans BouSSole-moi

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D
Texte inspiré par le même courant de pensée que le dessinateur B.Combes. Le goût du blasphème.Attention. Charlie a payé très cher.
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B
Magnifique parabole ! Du pur Salgas.
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